Мадам Дулова покорила меня силой своей горячей преданности Марии Корчинской (моему педагогу), у которой она училась до того, как Корчинская эмигрировала из России в 1924 году.
Карен Ворн[55], Великобритания
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В журнале Международной ассоциации арфистов и друзей арфы за 2000 год опубликованы соболезнования Корин Ле Ду, воспоминания Мари Клер Жаме и большой очерк Шанталь Матьё-Балавуан памяти Веры Дуловой, а также воспоминания Катрин Мишель, которые приведены выше в английском варианте.
Hommages[56]. Vera Dulova
(27 janvier 1909 — 5 janvier 2000)
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de la harpiste russe Vera Dulova. Soliste internationale et immense artiste, harpe solo du théâtre du Bolchoi et Professeur au Conservatoire de Moscou pendant de longues années.
L’Association Internationale de la Harpe et des Amis de la Harpe lui rend hommage.
Corinne Le Du
Je viens d’apprendre avec beaucoup de tristesse, que Madame Vera Dulova nous a quitté en janvier dernier, Mon affection pour cette femme était aussi grande que mon admiration pour l’artiste quelle était.
C’est une page qui se tourne une fois de plus, car, j’ai tant de souvenirs d’elle avec mon père chez moi a Paris et à Gargilesse Ils étaient très complices, avaient le même amour de la musique et étaient des professeurs extraordinaires.
J’ai revu plusieurs fois Vera Dulova lors de mes passages a Moscou et j’ai eu le privilège d’aller au conservatoire Tchaikovski écouter ses élèves. Ensuite, elle me ramenait chez elle au milieu de ses amis. C’était une fête pleine de chaleur et une façon pour Madame Dulova de me témoigner son affection.
Merci Chère Vera, je ne vous oublierai jamais.
M. C. Jamet
Pour moi comme pour tous ceux qui étaient présents au Concert d’Ouverture du 3ème Concours International d’Israël en 1965, le récital de Vera Dulova aura été une révélation: celle d’une merveilleuse artiste aux possibilités techniques infinies et d’une interprète hors pair. C’était alors l’une des premières fois que Vera Dulova se produisait en récital hors de l’Union Soviétique et que ses élèves pouvaient prendre part à des concours internationaux. Par la suite, j’eus l’immense chance de pouvoir l’approcher fréquemment, tout d’abord lors d’autres concours internationaux ou j’affrontai non sans difficulté ses élèves, puis lors des «International Harpweek» de Queekhoven et Maastricht ou la regrettée Phia Berghout l’invitait chaque année. Très vive et gaie de tempérament, Vera s’amusait alors
beaucoup à m’inviter à partager en secret avec elle et ses élèves, dans sa chambre, quelques tranches du pain qu’elle avait amené de Russie et qu’elle tartinait de caviar ou accompagnait de fromage russe et de vodka (nous mangions tôt avant les concerts et les soirées étaient bien longues ensuite…)
Comme toute aristocrate russe, elle parlait aisément notre langue qu’elle avait apprise de sa gouvernante française. Elle préférait toutefois s’exprimer en allemand si elle était fatiguée, souvenir de ses années d’étude à Berlin sous la direction de Max Saal. C’est ainsi à Maastricht que, pour mon plus grand plaisir, elle m’avait demandé d’assurer la traduction de la conférence qu’elle allait donner pour présenter son important livre intitulé «Histoire de la harpe en Russie et Exercices techniques». A titre de préparation, Vera m’avait expliqué dans le détail sa méthode et les secrets techniques qu’elle disait avoir hérités du 19 siècle. Je retirai de ces heures passionnantes un enrichissement qui m’inspire encore maintenant dans mon travail. Professeur réputé sévère et d’une très grande autorité, elle savait aussi être maternelle et aux petits soins pour ses élèves qui le lui ont bien rendu durant les dernières années de sa vie. Je ne suis pas près d’oublier le merveilleux accueil qu’elle m’avait réservé et orchestré en 1995 lorsque je lui rendais visite avec toute ma famille. Alors malade et craignant beaucoup de nous transmettre son virus, Vera n’avait pu nous loger dans son grand appartement et en était très déçue. L’une de ses proches élèves nous avait accueillis avec beaucoup de faste et, chaque jour, grâce à de longues conversations téléphoniques, Vera nous organisait nos excursions et soirées au Bolshoî. De nouveau, elle m’invitait en 1997 pour un récital et plusieurs Masterclasses et j’eus ainsi le grand bonheur de loger chez elle et de partager son intimité. Très ouverte et d’un savoir immense, Vera Dulova aimait à discuter de sujets aussi variés que la peinture, l’histoire contemporaine et soviétique, ses souvenirs, ses amis Chostakovitch, Prokovieff, Khatchaturian, Kikta, pour nen citer que quelquesuns unes. D’une grande simplicité aussi, elle avait accepté avec enthousiasme de loger chez moi puis dans mon chalet lorsque je l’avais invitée à donner des Masterclasses et concerts à Lausanne en 1992. A cette оссаsion, j’avais été littéralement stupéfaite de l’entendre demander d’une voix gênée, à 23 heures, le soir de son arrivée: «Pourrais-je travailler un peu ce soir? Je n’ai pas fait mes exercices aujourd’hui et le concert approche». Nous étions vendredi et son récital avait lieu le mardi suivant! Une telle conscience professionnelle explique aisément le très haut niveau quelle avait atteint et quelle avait surtout su garder à près de 85 ans.
A évoquer une telle personnalité, les souvenirs se bousculent, Celui qui m’aura peut-être le plus bouleversée se passait par une magnifique fin d’après-midi de juin, alors que, ses cours de Lausanne terminés, nous roulions vers mon chalet en compagnie de mon mari. La vue sur le lac de Genève était absolument superbe et nous nous étions arrêtés pour l’admirer. Vera nous dit alors: «Je suis profondément heureuse d’être ici mais je suis triste aussi». Elle nous parla ensuite de son pays ou il lui était impossible de goûter une