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Les manufactures employent des ouvriers des deux sexes avec le même avantage; les hommes se livrent aux travaux qui exigent de la force et aux grandes opérations de commerce, les femmes sont utiles aux ouvrages plus minutieux, le luxe des modes pour l’étranger, des broderies, des habillements leur est presque entièrement confié; les hommes reçoivent un salaire plus considérable, mais il faut néanmoins aux uns et aux autres les moyens de subsistance pour eux et leur famille l’excessive cherté des denrées augmente nécessairement la main d’œuvre, et cette augmentation, jointe aux prix très élevé des matières premières, nuit dans beaucoup d’objets de notre industrie à la concurrence que nous avons intérêt de maintenir avec l’étranger.

Sous ces rapports les troupes ne doivent pas être en nombre dans les villes de Commerce et de Manufactures; cette augmentation passagère d’habitans donne aux denrées un surhaussement de prix qui se communique de suite à la main d’œuvre et qui subsiste longtems même après leur éloignement, ce premier inconvénient bien senti, par les gouvernements avoit fait placer les troupes toujours loin des villes de manufactures, le gouvernement anglais en usa toujours ainsi pour Manchester etc., les troupes ne séjournoient jamais à Lyon, cette disposition politique avoit encore une autre cause.

Les soldats, quelque disciplinés qu’ils soient, répandus dans les villes cherchent à se délasser de la fatigue des camps, s’ils ont défendu nos frontières avec ardeur, s’ils ont étendu nos conquêtes au péril de leurs vies, il est asséz naturel de croire que dans l’intérieur ils cherchent toutes les compensations, toutes les jouissances dont ils ont été privés: pour se procurer ces jouissances, ils se choisissent des compagnons de plaisir, soit parmi les ouvriers, soit avec les ouvrières qui trouvent aussi dans ces amusements une vie plus douce que celle d’être tout le jour attaché à un métier, à une broderie, etc., les mœurs se corrompent, la licence remplace la vie laborieuse; viennent à sa suite les rixes, les insurrections, et souvent les plus grands désordres, enfants de l’oisiveté, de là les ateliers sont abandonnés, les manufactures languissent, le manufacturier voit ses espérances s’évanouir, ses fonds sont en souffrance, les commissions prises de l’étranger sont retardées, les foires, ces temps précieux pour les ventes, sont manquées le commissionnaire frustré des bénéfices qu’il attendoit retire ses ordres, et en dernière analyse la balance du commerce tourne au détriment de la France voilà pour toutes les villes de manufactures en général, qu’il soit permis d’ajouter quelque chose de particulier pour Lyon, la ville sans contredit la plus intéressante pour le trésor public par ses nombreuses manufactures par son immense population, et par sa prépondérance dans la balance du commerce avec l’étranger.

Les malheurs de Lyon sont assez connus, les manufactures délapidées, les chefs fuyant ou périssants sur les échafauds, les ouvriers cherchant une terre hospitalière qui leur donne du pain et du travail, portants à l’étranger l’industrie qui n’auroit jamais abandanné notre sol sans les horreurs qui s’y sont commises, les capitalistes enterrans le numéraire qui a pu leur rester après les ravages du papier monoye dans la crainte qu’il ne leur soit enlevé.

Tous ces maux présens encore à la mémoire des malheureux Lyonnais se couvrent d’un voile quand l’horison politique est sans nuages, la confiance reparoit, l’homme industrieux se livre au travail, l’homme à argent délie sa bourse, de cet heureux concours nait la prospérité publique mais, s’il survient un mouvement dans le gouvernement au renouvellement des calomnies, à l’approche des Reverchons, à la nouvelle de mesures révolutionnaires au soupçon de l’existence d’un camp dont la présence doit influer sur le prix des denrées, sur la main d’œuvre et sur les mœurs, surtout lorsqu’il est reconnu que les troupes arrivent toujours prévenues contre les habitans de Lyon par la malveillance que les scélérats ennemis de cette ville, ont eu soin de semer sur leur route, alors toutes les craintes renaissent, le capitaliste serre de nouveau sa bourse, le numéraire disparoit, le taux de l’intérét augmente en raison de sa rareté, le manufacturier s’arrête, l’ouvrier manquant de travail ne peut plus fournir du pain à sa malheureuse famille, déjà il songe quel pays pourra lui procurer des ressources, tous les travaux sont suspendus. Ces oscillations perpétuelles de craintes et d’espérances effrayent l’ouvrier qui n’attendoit que la paix pour rentrer dans ses foyers et portent le découragement total parmi ceux qui sont restés, dont le nombre ne pourrait suffire lorsque les manufactures reprendront toute leur activité.

Que deviennent alors ces magnifiques promesses repetées tant de fois, de faveurs pour les manufacturiers, de travail pour les ouvriers, de soulagement pour les indigents.

C’est donc à détruire toutes les craintes et à réaliser toutes les espérances que doit s’attacher le gouvernement, s’il veut voir refleurir le commerce, et ce sera alors et seulement alors, que le manufacturier et l’ouvrier dont les intérêts sont si étroitement liés, travailleront avec courage pour leur bonheur et pour la prospérité publique; rien ne leur manquera, ni ressources, ni travail, si le gouvernement faisant usage de tous ses moyens leur assure protection, tranquillité et sûreté, c’est alors que tous les canaux d’abondance s’ouvriront, que tous les échanges se feront au dedans et au dehors, que nos manufactures s’enrichiront du luxe de l’étranger, c’est alors enfin que le commerce français reprenant toute sa splendeur ne trouvera plus de rivaux comme la France ne trouvera plus d’ennemis, et chacun à l’emoi s’empressera de repeter: Vive la paix, vive la république.

Fait au Bureau de commerce de Lyon.

Lyon 12 floréal an cinq de la République Française.

XIV

Архив города Марселя, картон «Corporations».

(Ноябрь 1797 г.).

Marseille le 11 frimaire an 6 de la République française.

Aux citoyens composant le Bureau central.

Les ouvriers soussignés de cette commune vous exposent citoyens, que pendant la réaction royale, ils ont été forcés d’abandonner leurs chantiers et même de se réfugier soit à Toulon, soit ailleurs pour se soustraire aux poignards des egorgeurs.

Ils sont rentrés à l’époque de l’arrivée des troupes de la répoublique qui à dissipée l’essaim de cette borde de cannibales. Mais leur audace accroit avec l’indulgence des républicains et les voila encore non seulement sur le pavé, mais maîtres des chantiers et de tous les transports jusqu’à ceux des coches.

Chaque fois que les exposants se présentent pour travailler, ils sont rejettes avec mépris, les chargeurs ne veulent pas les employer aux coches, la Messagerie Nationale également, cependant il faut que les républicains vivent et alimentent leurs familles, il faut que les sicaires du royalisme fassent place à ceux qu’ils ont chassé et qu’ils ont voulu égorger.

Par toutes ces considérations, nous vous prions, citovens, de prendre telles mesures que vous jugerez convenables pour que nous puissions à la sueur de notre front gagner du pain qui nous est du à tant de titres Salut et fraternité.

(103 подписи)

XV

Нац. арх.

F12 679.

4 июня 1798 г.

Прошение рабочих мануфактур города Нанта (департамент Loire-Inférieure).

Au Citoyen Président du Directoire exécutif.

Citoyen Directeur.

Depuis longtemps les cris de notre misère retentissent à vos oreilles, sourdes à la voix de nos réclamations, elles sont restées comme nous dans l’oubli, et l’opprobre devient notre seule existence.

Presque tous pères de famille, nos femmes, nos enfans réclament de votre paternité une loi bienfaisante qui redonne la vie à nos manufactures, nous gémissons, de voir nos ennemis triompher par la préférence marquée qu’éprouvent leurs marchandises, tandis que les Manufactures françaises presque toutes ruinées par les fléaux de la guerre et de la funeste concurrence des Etrangers, tombent dans l’abîme et s’ecroulent. Nantes, ville jadis si florissante mais trop malheureuse aujourd’huy, ne méritera t’elle donc pas un instant votre considération, nous gémissons de voir nos ennemis préférer les marchandises Etrangères aux productions de nos Manufactures, nous accuserons pas leur ambition de les introduire en France, mais nous réclamons des loix qui en défendent l’entrée, nous accusons aux yeux de l’univers ces êtres légers préférant donner la mort a des milliers d’ouvriers pères de famille, plutôt que de donner la preférénee aux productions natales, mais leur plant jetté, tout ruiner est leur système, c’est a vous Représentans, à dire un mot et, nous aurons encore quelques mois d’existence vous adouciréz notre vie malheureuse et pénible. Si nos plaintes, si l’horrible position dont nous vous avons fait part dans nos dernières pétitions, n’a touché vos cœurs, alors, nous mourrons, mais comme Républicain il faut le faire au champ de l’honneur; c’est pourquoi Législateurs renvoyés des manufactures de cette ville, ayant parcouru en vain la République pour trouver de l’occupation dans les divers atteliers jadis si florissants, mais ruinés, nous vous demandons d’accorder des secours à nos femmes et a nos enfans, et nous sacrifierons nos états pour marcher à la défense de la patrie, ce sont nos dernières ressources Notre affreuse position fait trembler, que ne pouvez-vous descendre dans nos demeures, habitées et desolées par ce que la misère offre de plus touchant bientôt pénétrés de tant de maux, vous prendriez les moyens de les adoucir, sur tous les points d la République, les Manufactures sont dans l’aneantissement et la branche seule des manufactures d’indiennes occupant plus d’un million d’individus de tous sexes et tous âges a droit à votre sollicitude, c’est en faisant quelques efforts pour nos atteliers détruits pour les reste des Arts et de l’industrie, qui serait nécessairement remplacés par l’ignorance, que vous acquererez de nouvelles ressources pour l’Etat, c’est ainsi que vous nous conserverez, ainsi que nos familles, et que l’argent circulera bein plus dans la République partout; nous vous rendrons des actions de grâce et c’est là le plus précieux trésor que puissent désirer les législateurs.

Pénétrés de la plus intime confiance que notre pétition parviendra jusqu’avous, c’est au nombre de 300 malheureux que nous réclamons vos bontés et nous disons respectueusement. (Sic).

Nantes le 19 prairial an sept.

XVI

Архив департамента Loiret.

Серия L, связка № 151.

(1799 г.)

Циркуляр Футе.

Paris, le 6 vendemiaire, an 8 de la République une et indivisible.

Le ministre de la Police générale de la République.

Au commissaire central du dept du Loiret.

Il existe Citoyen, dans la République une espèce de coalition entre les ouvriers employés dans les manufactures particulièrement dans celles les papeteries tendante à obtenir contre le vœu de la loi un regime indépendant pour cette classe de Citoyens et cœrcitif envers ceux d’entre eux qui refusent de se soumettre aux volontés des meneurs de l’association.

Elle a ses chefs et ses correspondans dans les communes ou des ateliers sont établis. Elle convoque et tient des assemblées, distribue des lettres de créance, frappe d’interdiction telle ou telle fabrique et fait défense aux ouvriers d’y travailler sous peine d’être bannis de toutes les autres.

Les manufacturiers eux memes ne sont point à l’abri de la funeste influence de cette association. Leurs fabriques tombent anéanties au gré de ses capricieuses décisions ou ne peuvent éviter l’interdiction qu’en payant une amende excessive.

Ces désordres fomentés sans doute et entretenus par l’Angleterre, dans le dessein de consommer la ruine de nos manufactures, doivent fixer votre attention et appelent toute l’activité de votre surveillance; en vous les signalant je suis assuré que vous allez faire tous vos efforts pour dévoiler ces coupables manœuvres. Vous aurez l’œil sans cesse ouvert sur les lieux de rassemblement des ouvriers, sur l’esprit qui s’y manifeste et le but qu’on s’y propose. Vous tacherez surtout de saisir leurs correspondances afin de connaitre les principaux agents de la coterie.

Dans le cas ou des indices sur ces ramifications dans les ateliers de votre Dept, viendraient à votre connaissance, vous prendrez à l’instant les mesures de sûreté et de repression que la loi détermine. L’arreté du Directoire Executif du 18 fructidor an 4 vous trace la marche que vous avez à prendre.

Enfin vous correspondrez à ce sujet avec vos collègues près les Administrations centrales partout où il sera nécessaire, et vous aurez soin de me tenir exactement informé de vos découvertes et de vos demarches relatives à cet objet important.

Salut et fraternité.

Fouché.

*1

Die Arbeiter der nationalen Manufakturen (1789–1799) nach Urkunden der französischen Archive. Studien zur Geschichte der Arbeiterklasse in Frankreich während der Französischen Revolution. Leipzig, 1908. XV, 128 S.

*2

Рабочий класс во Франции в эпоху революции. Исторические очерки. Ч. I. СПб., 1909. 317 стр.; ч. II. СПб., 1911. XVI, 581 стр.

*3

См. приложения к данному тому (чч. I и II). — Ред.

*4

См. приложения.

*5

См. приложение VIII,

*6

См. приложение XXXVI.

*7

См. приложение XXVII.

*8

См. приложение XII.

*9

См. приложение XII.

*10

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